Raymond, livre de Marie Oury

Raymond, de Marie Oury, I.D. l’Édition, 1923. 1939 : mon grand-père alsacien avait 20 ans.

Raymond, livre de Marie Oury

Marie Oury a présenté son ouvrage au Café-mémoire de l’Association Alsace-Moselle.

Le livre est extrait des carnets autobiographiques de son grand-père, Raymond Oury, centré sur la guerre et l’annexion de l’Alsace-Moselle au IIIè Reich.

Raymond Oury naît en 1919, au moment où l’Alsace redevient française. Il grandit près de Strasbourg, avant d’intégrer l’école normale d’Obernai, dont il sort major en 1939. En pleine drôle de guerre, l’éducation nationale le nomme à son premier poste d’instituteur. Puis c’est la débâcle et l’annexion de l’Alsace au IIIè Reich.

Dès l’automne 1940, Raymond est déplacé en Allemagne pour y suivre l’Umschulung (stage de reconversion nazi, obligatoire sous peine de licenciement et de représailles), avant de devoir enseigner en Forêt-Noire sous la férule national-socialiste. En 1942, il se marie, le couple s’installe à Geispolsheim, aux portes de Strasbourg.

Convoqué au conseil de révision à Heidelberg, Raymond est incorporé de force en juin 1943, avant de rejoindre une caserne à Dresde. Pour retarder au maximum sa date de départ pour le front, il suit formation sur formation…

Marié, père, d’un nourrisson, il veut déserter dans de bonnes conditions, sans représailles possibles sur sa famille, menacée par la Sippenhaft : la Sippenhaft était la vengeance nazie sur les familles, qui pouvait consister en Alsace au minimum dans l’envoi de la famille au camp de Schirmeck, où périrent de trop nombreux Alsaciens.

À trois reprises, une situation exceptionnelle semble se présenter à lui pour s’évader. D’abord son affectation à Senlis en région parisienne, puis sa permission obtenue miraculeusement le 21 novembre 1944 pour Geispolsheim, mais s’il parvient encore à traverser le Rhin, il se heurte à la ligne de front du côté de Oberhoffen-sur-Moder près de Haguenau... Enfin son passage dans la poche de Colmar en janvier 1945 constitue sa dernière chance. À chaque fois il renonce à s’évader, se sacrifiant pour sa famille. Il finit par être fait prisonnier par les Américains en mai 1945, et il connaîtra un camp à ciel ouvert près de Neue-Ulm, dont, cette fois il s’évade, pour rejoindre les forces françaises qui le rapatrieront rapidement auprès de son épouse et de son fils.

Cette autobiographie, préfacé par Jean-Laurent Vonau, est enrichie de notes historique de Marie Oury, petite fille de Raymond, et illustrée par de nombreux documents et photos d’époque, et de belles cartographies de Stéphanie Weber, replaçant ainsi le récit au cœur même des évènements de la Seconde Guerre mondiale.

Un récit attachant, qui connaît un succès mérité.